Allemagne : nouvelle législation sur le service militaire
L'Allemagne entend se doter d'une nouvelle législation régissant le service militaire, dans l'optique d'attirer chaque année des dizaines de milliers de nouvelles recrues. Dans un premier temps, le projet de loi envisage un service non obligatoire. Tous les hommes et femmes de plus de 18 ans devront répondre à un questionnaire sur leur motivation à servir dans la Bundeswehr. Les commentateurs européens estiment que l'Allemagne est sur la bonne voie.
Un changement de paradigme à Berlin
Le chancelier Friedrich Merz revient ainsi sur une décision de sa prédécesseure Angela Merkel, fait observer Český rozhlas :
«Sous l'ère Merkel, le service militaire a été suspendu pour une période provisoire. Arguments alors invoqués : une armée professionnelle était plus en phase avec l'esprit du temps et le service militaire empiétait trop sur les droits individuels. D'une certaine manière, l'armée professionnelle était l'expression d'une logique de revendication, plaçant les droits au-dessus des devoirs. On a alors vite perdu de vue que la défense des libertés était liée à une certaine coercition. L'invasion russe de l'Ukraine a déclenché une prise de conscience. Peut-être intervient-elle un peu tard, mais mieux vaut maintenant que jamais.»
Notre sérénité a besoin de protection
L'Espagne devrait s'inspirer de l'exemple allemand, demande ABC :
«L'Allemagne amène l'Europe à ouvrir les yeux sur la réalité la plus criante : la Russie constitue un danger permanent. ... Nous autres Européens croyons que la paix, la démocratie et le bien-être social sont indissociables et que l'Etat, de sa main protectrice, protégera notre vie paisible de tous les dangers. La Russie nous a brutalement arrachés à cette quiétude, nous confrontant à une nécessité essentielle à notre survie : la défense de la liberté. ... Le climat européen actuel montre clairement que nous avons besoin d'une force de frappe militaire pour dissuader Poutine de multiplier les agressions. Dans cette nouvelle ère, l'Espagne doit assumer ses responsabilités.»
Un seuil de tolérance atteint
Frankfurter Rundschau insiste sur le caractère non-obligatoire du service, un aspect qu'il importe selon lui de préserver :
«Un service militaire sur une base volontaire est un compromis viable, même s'il en laissera certains sur leur faim, notamment dans les rangs de la Bundeswehr. Mais le pays n'est pas en mesure ou prêt à suivre une autre voie. Et l'enjeu de tout le débat n'est pas de devenir apte au combat. Quand le service était encore obligatoire, l'Allemagne réunifiée, par exemple, était équipée pour se défendre et dans sa globalité, la société n'était pas prête à fournir un effort plus important, comme le montrait par exemple le nombre élevé d'objecteurs de conscience. Une mentalité qu'aucun service militaire, obligatoire ou pas, ne pourra changer.»