Un enlisement des négociations avec Moscou

Lundi, les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner ont mené des pourparlers pendant cinq heures avec Vladimir Poutine dans le but de trouver une solution de paix en Ukraine. Selon le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, un accord n'aurait été trouvé que "sur certains points", et Washington et Moscou auraient encore "beaucoup de travail à accomplir". Les deux parties ont convenu de garder le silence sur les résultats des tractations. Les médias européens estiment que les négociations sont au point mort.

Ouvrir/fermer tous les articles
Corriere della Sera (IT) /

Retour à la case départ

En comparaison, les accords de Minsk, qui ont fini par échouer, étaient une réussite diplomatique, s'emporte Corriere della Sera :

«Nous sommes retournés au point zéro : qu'il s'agisse de l'autonomie du Donbass ou de la sécurité ukrainienne. ... Mais alors qu'il nous faut encore attendre le jugement de l'Histoire concernant ces événements, la chronique des faits nous montre que le droit international a été neutralisé par l'entente entre Washington et Moscou, au détriment des Ukrainiens, et dans le dos des Européens. Elle nous informe que la citation de Tacite 'Ce que vous appelez paix est en réalité la désolation' s'appliquera à l'Ukraine, dont la reconstruction se fera très probablement aux frais de l'Europe. Comparé aux accords de Minsk, il s'agit d'une solution au rabais, d'un désastre politique et diplomatique.»

Jutarnji list (HR) /

L'UE sur le banc de touche

Jutarnji list fait le constat amer de l'exclusion de l'Europe des grandes questions de politique internationale :

«Elle n'a aucune carte en main. C'est pourquoi Rubio n'a pas participé à la rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN, qui s'est tenue hier. ... 'J'accepte et ne tire aucune conclusion de son absence,' a déclaré Mark Rutte, le secrétaire général de l'OTAN. On peut comprendre que les membres européens de l'alliance de défense cherchent à éviter toute brouille avec les Etats-Unis afin de la préserver. Mais ils ont raté le coche depuis longtemps : il faut voir la réalité en face. … L'Europe est absente de négociations qui ont un impact direct sur notre sécurité. … L'UE est reléguée au second plan tandis que les Etats-Unis et la Russie s'entretiennent.»

Forum24 (CZ) /

La Russie ne fait aucune concession

Moscou entrave le processus, et elle a de moins en moins de scrupules vis-à-vis de l'Europe, commente Forum24 :

«La fin de la crise ukrainienne ? Si on en croit le conseiller de Poutine, il y a encore du pain sur la planche. La Russie et les Etats-Unis ne se seraient ni approchés, ni éloignés d'une solution à la crise en Ukraine. ... Jusque-là, l'Europe parvenait encore à empêcher la capitulation de l'Ukraine. Cette Europe soi-disant incompétente et faible, sans arrêt vilipendée par certains fidèles de Trump, qui évitent bien de préciser la complaisance suspecte de leur idole envers la Russie. Ce qui permet à cette dernière de renforcer sa pression sur l'Europe. En effet, Poutine a fait incidemment savoir qu'il était prêt à étendre la guerre, si on ne parvenait pas à obtenir la paix aux conditions russes.»

Abbas Galliamov (RU) /

Trump va probablement encore nous étonner

Sur Facebook, Abbas Galliamov entrevoit la possibilité d'une proposition inédite de la part du président américain :

«Compte tenu de l'impasse dans laquelle se trouvent actuellement les pourparlers, il y a fort à parier que de l'esprit inventif de Trump naisse un scénario inattendu, par exemple la formation d'un Etat indépendant dans l'Est ukrainien sur le territoire des quatre régions les plus disputées. ... Trump pourrait proposer ce plan moins pour qu'il soit accepté par les parties prenantes que pour augmenter la pression. ... C'est exactement ce qu'il s'est passé à Gaza : le projet d'expulser les habitants de l'enclave pour construire des complexes immobiliers de luxe n'a pas été concrétisé, mais les Arabes ont pris peur, et se sont donc montrés beaucoup plus ouverts au dialogue en acceptant la deuxième version, plus modérée, proposée ensuite par les Américains.»