Comment l'Europe devrait-elle s'armer pour 2026 ?
En 2025, l'Europe a été confrontée à une plus forte menace venant de l'est et à une fragilisation du soutien occidental. Les commentateurs européens s'interrogent sur le rôle à endosser par le continent pour pouvoir faire face aux évolutions à venir.
La pression de l'extérieur rend plus fort
Des sujets clivants passent au second plan, constate la spécialiste des questions européennes Caroline de Gruyter dans sa chronique dans NRC :
«Plus Trump et Poutine menacent l'Europe, plus le sens de la communauté de cette dernière se renforce. ... Cette évolution peut entraîner un affaiblissement de la polarisation interne au sein de l'Europe. Comme l'écrit le professeur Pieter de Wilde de l'Université de Groningue : 'Plus nous parlons de sécurité, moins nous accordons d'importance aux sujets qui alimentent la polarisation actuelle : la diversité et l'inclusion, et avant tout, l'immigration.' Et pourquoi pas ? ... Comme l'a écrit [le pape Pie II] Piccolomini, en fin de compte, nous sommes tous des 'Europeos homines'. Cela apparaît d'autant plus clair sous la pression de l'extérieur.»
Abolir le principe de l'unanimité
Il est grand temps que l'UE adopte ses décisions à la majorité, souligne Ilta-Sanomat :
«L'UE elle-même a de grandes difficultés à définir sa position dans la politique mondiale, à la comprendre et surtout à agir pour renforcer cette position. ... Pour les Européens, il a été embarrassant de voir à quel point les dirigeants européens ont eu du mal à se faire accepter dans les pourparlers pour un cessez-le-feu en Ukraine initiés par les Etats-Unis et la Russie. ... Si l'UE veut renforcer sa position dans la politique mondiale et décider un jour elle-même de ses affaires, elle doit se ressaisir – et au moins pour les questions concernant la sécurité et ses relations extérieures, passer de la règle de l'unanimité à celle de la majorité qualifiée.»
Braver le nouvel ordre mondial
Le chroniqueur de LRT Paulius Gritėnas écrit :
«Les nouveaux amis européens des Etats-Unis sont la Hongrie, la Slovaquie et le Bélarus. Dans des pays comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni, des représentants locaux de l'extrême droite prorusse sont considérés par Washington comme les nouveaux alliés. Dès maintenant, des efforts considérables pour soutenir des forces prêtes à affaiblir, voire à détruire l'UE et sa structure de défense commune sont à l'œuvre, dans l'objectif de fragmenter l'Europe en promouvant des contre-mouvements nationalistes, des traités bilatéraux, le protectionnisme et la logique de zones d'influence géopolitiques. ... L'Europe se trouve de plus en plus prise au piège, sa seule chance de survie consistant à mobiliser les forces démocratiques et à lutter par tous les moyens en faveur de la préservation des principes, des normes et de la réalité politique actuelle.»
Berlin doit prendre les devants
La capacité de l'Europe à s'imposer sur la scène internationale dépend surtout de l'Allemagne, écrit le chroniqueur du Spiegel Henrik Müller :
«En 2026, l'UE devra s'appuyer plus que jamais sur le plus grand de ses Etats membres – faute de quoi elle se fragilisera encore plus. L'Allemagne est confrontée au défi hégémonique suivant : investir massivement dans la stabilité et la sécurité si elle ne veut pas risquer le chaos et la guerre. Car personne d'autre ne saura remplir ce rôle. La République fédérale d'Allemagne est le seul pays qui ait la taille et le poids financier suffisants pour pouvoir garantir une sécurité européenne. … C'est une énorme responsabilité.»
Kyiv est la garantie de sécurité de l'UE
A l'heure actuelle, c'est l'Ukraine qui protège l'Europe de la Russie, fait valoir l'auteur Andriy Lyoubka sur l'antenne ukrainienne de Deutsche Welle :
«Puisqu'il est hypothétique, pour ne pas dire illusoire, d'espérer bénéficier d'une protection américaine, les grandes capitales [européennes] songent sérieusement à se doter d'une sécurité collective européenne – d'un genre de version européenne de l'OTAN. Or comme la création d'une telle organisation prendrait des années, quand bien même la volonté politique y serait, les Etats majeurs de l'UE et le Royaume-Uni doivent se rendre à l'évidence : en l'état actuel des choses, la seule garantie de sécurité réelle de l'UE est l'Ukraine et ses forces armées. C'est l'Ukraine qui ralentit les visées belliqueuses de la Russie contre l'Europe.»