Des eurodéputés rendent visite à Bachar Al-Assad
Trois membres du Parlement européen se sont rendus en Syrie dimanche pour y rencontrer le président syrien Bachar Al-Assad et réclamer la levée des sanctions visant le pays. Les commentateurs sont outrés par cette visite et se demandent pour qui roulent vraiment l'Estonienne Yana Toom, l'Espagnol Javier Couso Permuy et la Lettone Tatjana Ždanoka.
Assad se réjouit de la dispute au Parlement européen
Le déplacement des trois eurodéputés permet au régime syrien de mettre en exergue les divisions européennes, écrit Õhtuleht :
«Pourquoi le dictateur syrien devrait-il récompenser les députés européens, alors que toute l'action semble perdue d'avance ? Assad ne s'attend sûrement pas à ce que la visite de Toom, Permuy et Ždanoka permette de lever les sanctions, mais la photo de groupe suffit à envoyer le signal que la position du Parlement européen n'est pas unitaire vis-à-vis de Damas. Après cette initiative unilatérale, les députés pourront prétendre auprès de leurs électeurs qu'ils auraient pu conclure un pacte avec le diable sans avoir à faire de concessions. L'indignation des politiques est compréhensible, mais elle tend à conférer à cette action une attention qui n'a pas lieu d'être.»
Une commande du Kremlin
Dans le journal Eesti Päevaleht, la députée et ex-ministre des Affaires étrangères estonienne Keit Pentus-Rosimannus accuse les eurodéputés concernés de s'être rendus en Syrie à la demande du Kremlin :
«Les commentaires de Yana Toom, qui réclame la suspension des sanctions [contre la Syrie], n'ont bien entendu aucun effet sur la politique de l'UE. Mais Toom et ses amis ont sûrement fait plaisir au service de propagande du Kremlin, qui leur verse vraisemblablement une prime pour chaque déclaration de la sorte. Ou peut-être ne s'agit-il pas d'un service, mais d'un accord dans le cadre duquel la formulation des désirs du Kremlin est rétribuée par le gage d'un soutien pour la prochaine campagne électorale ? Cette visite de Yana Toom aura en tout cas permis de montrer pour qui roulent ces trois parlementaires en Europe.»