La justice espagnole veut-elle épargner les banques ?
La Cour suprême espagnole avait estimé il y a un peu plus de deux semaines que dans le cadre d'un achat immobilier, c'est à la banque, et non au client, comme c'était le cas jusque-là, de s'acquitter de la taxe sur les documents juridiques lors de la signature devant notaire d'un prêt immobilier. Or la Cour vient de revenir sur cette décision, qui avait provoqué une chute des cours des banques à la Bourse. La presse espagnole dénonce un revirement funeste pour la confiance des citoyens du pays.
Qui a l'argent a le pouvoir
La révision de la décision au profit des banques alimente la défiance des citoyens, constate El Periódico de Catalunya :
«Ce qui était blanc il y a deux semaines est subitement devenu noir. ... Il est difficile de comprendre pourquoi la cour a autant tenu compte des intérêts des banques et aussi peu des considérations sociales et politiques. La décision s'inscrit par ailleurs dans une même trame : le rôle du secteur financier dans la crise économique ; les coûts du sauvetage bancaire assumés par les contribuables ; les revenus élevés des patrons et les scandales comme celui des cartes de crédit offertes aux responsables politiques. Ce nouvel accroc ne fait qu'attiser la défiance des citoyens vis-à-vis d'un secteur financier qu'ils considèrent comme une puissance incontrôlable. Un pouvoir auquel ils assimilent également les politiques, mais aussi, désormais, les magistrats.»
Une atteinte à l'image de la justice
Pour El Mundo, si la décision a un effet positif sur la stabilité du pays, elle écorne aussi l'image de la justice :
«Il ne fait aucun doute que la Cour Suprême a fait piètre figure ces derniers jours. ... Les banques retrouveront leur santé boursière, les tribunaux ne seront pas engorgés par des plaintes. Les finances des gouvernements régionaux ne seront pas déstabilisées. Le fisc ne devra pas se battre avec les banques et celles-ci ne chercheront à compenser ces pertes aux dépens des clients. ... . Mais le coup porté à l'image de la justice est une hypothèque que nous payerons tous.»