La véritable raison d'être de la nouvelle Constitution russe

Une révision de la Constitution est actuellement en cours en Russie : le 22 avril, dans le cadre d'un référendum - aucunement prévu sous cette forme par le droit électoral - le peuple est appelé à valider toute une série de modifications que Poutine vient de soumettre à la Douma. Sont prévues des réformes de la structure de l'Etat et un certain nombre de références à des valeurs fondamentales présumées être foncièrement russes. Les journalistes expliquent que ces dernières sont d'une importance mineure.

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Novaïa Gazeta (RU) /

Un écran de fumée

Novaïa gazeta pense que le débat sur les nouvelles dispositions de la Constitution ont pour vocation première de faire diversion :

«Tous ces correctifs - qu'ils soient loufoques comme la référence à Dieu, poussiéreux comme la définition de la famille comme 'l'union entre un homme et une femme' ou terribles comme l'interdiction faite à Navalny de se porter candidat aux présidentielles ou celle qui autorise la Russie à passer outre les décisions de tribunaux internationaux, tout cela est sans commune mesure avec le changement central, qui est la véritable raison de toute la manœuvre : le fait même que la Constitution soit modifiée. Car une fois tous ces changements adoptés, nous aurons une nouvelle Constitution qui donne automatiquement à Poutine le droit de briguer un nouveau mandat à partir de 2024. ... L'adoption des changements constitutionnels revient simplement à remettre à zéro le compteur des mandats effectués jusqu'ici.»

NV (UA) /

Le legs de Poutine disparaîtra après sa mort

Les changements de la Constitution ne seront pas immuables, fait remarquer le chroniqueur Ivan Iakovyna sur Novoïe Vrémia :

«Premièrement, Poutine veut ancrer l'existence de Dieu et la foi en ce Dieu dans la Constitution de la Fédération de Russie. Deuxièmement, il entend interdire toute revendication de retour de la Crimée dans le giron de l'Ukraine. Troisièmement, il veut proscrire le mariage entre personnes de même sexe et définir la famille comme 'union entre un homme et une femme'. Quatrièmement, il veut faire du russe l'unique langue nationale et instituer la Fédération russe comme successeur légal de l'URSS. Quoi que l'on puisse penser de ces changements, une seule chose importe : dès que Poutine sera mort, la Russie se dotera aussitôt d'une nouvelle constitution. Le legs de Poutine sera anéanti.»