Litige en Méditerranée orientale : le rôle controversé de Macron

Dans le litige gazier en Méditerranée orientale, le président français a qualifié l'action d'Ankara d'"inacceptable" et estimé que la Turquie n'était "plus un partenaire" dans la région. Il y a près d'un mois, l'armée française avait renforcé sa présence navale dans la région et envoyé des avions de chasse à Chypre. Les journalistes portent un regard critique sur l'engagement de Macron.

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Milliyet (TR) /

Les vieilles frégates français bientôt recyclées en Grèce ?

Le Premier ministre grec a annoncé un programme massif d'armement, prévoyant l'acquisition de 18 jets polyvalents français ainsi que quatre frégates. Kyriakos Mitsotakis s'est fait rouler dans la farine, estime Milliyet :

«Comme personne n'ignore que la Grèce n'a pas les moyens d'acheter quatre frégates, ou du reste un bateau pneumatique, il est clair que cette liste a été établie par Emmanuel Macron. ... Il s'agit sans aucun doute d'équipements français déclassés. ... La différence est que la Turquie, elle, ne quémande des frégates à personne ! La Turquie construit ses propres bateaux. Mitsotakis ferait mieux de renoncer à cette amitié et négocier avec la Turquie, explorer avec elle la Méditerranée, extraire ensemble du pétrole et du gaz pour garantir à son pays une sécurité véritable.»

L'Opinion (FR) /

La Turquie n'est pas pire que la Russie

L'Opinion pointe la duplicité du président français :

«Les alliés de la France, au premier chef desquels Américains et Allemands, observent la scène avec un mélange d'incompréhension, d'agacement et d'inquiétude. Ils sont peu disposés à rompre inutilement des lances avec la Turquie, membre important de l'Alliance atlantique. Et ils constatent que le Français ménage bien plus Vladimir Poutine que Recep Tayyip Erdoğan. Tout n'est pas parfait en Turquie, tant s'en faut, mais l'opposition y dirige quand même les deux plus grandes villes du pays, Istanbul et Ankara. On sait, avec Navalny, quel sort est réservé aux opposants russes... Quoi qu'il advienne, la Russie et la Turquie resteront des voisins de l'Europe. Emmanuel Macron a eu raison d'engager une désescalade avec la première. Il devrait s'en inspirer pour la seconde.»

Naftemporiki (GR) /

Une saine méfiance est de mise

Athènes ne doit pas s'embarquer sans réfléchir dans un nouveau partenariat avec Paris, prévient Naftemporiki :

«La nouvelle intervention de Macron, hier, en faveur de la position de la Grèce et contre celle de la Turquie, a apaisé la délégation grecque, ainsi que l'opinion publique du pays. ... La perspective d'une 'nouvelle relation stratégique' entre la Grèce et la France, qui reposera probablement sur de grands programmes d'armement et une possible réorientation de la politique extérieure du pays, devra être toutefois soumise à un examen minutieux. ... Il faut que le pays se demande où et comment engager ses forces de façon judicieuse.»

Sabah (TR) /

Un conflit qui marque la recomposition de l'ordre mondial

Le conflit en Méditerranée orientale souligne la mutation de l'ordre mondial actuel, juge Sabah :

«Cette crise, qui crée de fortes tensions entre la Grèce et la France d'une part, et la Turquie de l'autre, renforce l'opacité dans laquelle est pris le monde occidental. La lutte acharnée entre puissances occidentales et asiatiques en vue de forger un système mondial post-coronavirus va se renforcer. La concurrence en Méditerranée orientale a indéniablement des dynamiques multiples, lesquelles détermineront le déroulement comme le résultat final de ce combat mondial. C'est la raison pour laquelle tous les regards ne sont pas tournés vers la région, mais vers la Turquie, qui occupe la principale position hégémonique en Méditerranée.»