Ukraine : l'OTAN renonce à établir une 'no-fly zone'

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, demande à l'OTAN d'instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine afin de mettre fin aux bombardements russes. Les membres de l'alliance excluent catégoriquement cette option pour le moment. Le président russe, Vladimir Poutine, affirme de son côté qu'une telle mesure serait perçue comme une déclaration de guerre par la Russie et quelle riposterait en fonction. La presse est divisée.

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Mladá fronta dnes (CZ) /

La seule décision possible

Le risque de guerre nucléaire pèse davantage dans la balance que le calvaire d'un seul pays, fait valoir Mladá fronta dnes :

«Le terme 'zone d'exclusion aérienne' semble un peu inoffensif. Mais celui qui la décrète doit aussi la faire respecter. ... Les politiques l'ont rejeté, arguant que cela pourrait déboucher sur une troisième guerre mondiale, potentiellement nucléaire. ... Les dirigeants occidentaux se sont retrouvés face à une terrible question : l'Ukraine vaut-elle la peine que l'on risque une guerre contre la puissance atomique russe ? Pour l'Occident, il s'agit d'un dilemme classique de realpolitik, qui ne saurait se soucier d'un petit pays écrasé par un grand. Par le passé, les politiques avaient la tâche relativement aisée. Ils prenaient des décisions seuls, sans être constamment mis sous pression par des vidéos sur Internet.»

NV (UA) /

OTAN, protégez notre ciel !

Sur le portail NV, l'écrivain Sergui Postolovski demande un plus grand soutien de l'OTAN :

«Nous avons besoin de systèmes de défense antiaérienne pour mettre fin aux atrocités qu'un tyran sanguinaire perpètre sur notre sol. Cela au moins, j'estime que nos partenaires ne devraient pas nous le refuser. S'ils ont peur de 'verrouiller' le ciel ukrainien, ils devraient au moins nous fournir leurs systèmes de défense antiaérienne, pour que nous puissions défendre nous-mêmes l'espace aérien de notre pays. L'Occident doit le faire, pour que les Européens puissent dire avec fierté dans les prochaines années qu'ils ont protégé le ciel ukrainien, et qu'ils ont sauvé non seulement l'Ukraine, mais toute l'Europe du danger. Car Poutine ne s'arrêtera pas à l'Ukraine.»

Libertatea (RO) /

Zelensky prépare le terrain à des concessions

Si le président ukrainien formule la revendication maximale tout en sachant qu'elle n'est pas recevable, il le fait pour ne pas perdre la face auprès de ses concitoyens, croit savoir Libertatea :

«En demandant l'impossible à l'OTAN - pour être précis le début d'une troisième guerre mondiale - Zelensky obtient l'alibi qu'il lui fallait pour négocier la fin de la guerre dans des conditions qui pourraient nuire à son image de chef de guerre intransigeant. L'OTAN ayant rejeté ses demandes de manière ouverte et catégorique, le chef de l'Etat ukrainien, devenu un héros, pourra justifier des négociations imminentes, qui seront doublées de déclarations de renoncement qui étaient inadmissibles hier encore.»

De Telegraaf (NL) /

Paralysée par la peur

De Telegraaf déplore la pusillanimité de l'OTAN :

«Le président Poutine ne trouve aucun obstacle dans son entreprise visant à anéantir une Ukraine indépendante et libre. L'Occident n'a pas été en mesure d'arrêter le despote. Pire encore : les alliés signalisent clairement à Poutine tout ce qu'ils ne vont pas faire : ni zone d'exclusion aérienne, ni déploiement de troupes au sol. Une intervention est hors de question du fait que l'Ukraine n'est pas membre de l'OTAN. Face à cet argument, on se demande comment l'alliance réagirait si d'autres pays non-membres de l'OTAN - Finlande, Suède ou Moldavie - venaient à être attaqués. Répondrait-elle aussi par la non-ingérence à une menace nucléaire dissimulée ? La retenue actuelle, basée sur la peur, ne laisse rien présager de bon.»

Aamulehti (FI) /

Les Etats neutres sont livrés à eux-mêmes

Tant que la Finlande ne bénéficiera pas de la protection liée à une alliance militaire (OTAN ou autre), elle devra assurer sa défense par ses propres moyens en cas d’agression, écrit Aamulehti :

«Les citoyens se demandent comment notre armée et notre société civile réagiraient dans une situation comparable [à celle que connaît l'Ukraine]. Pendant des décennies, les forces armées finlandaises ont mis en place une capacité de défense autonome face à des attaques conventionnelles. Nous disposons d'une des capacités militaires les plus importantes en Europe, d'armes modernes, d'une bonne défense locale, de réservistes et de la volonté de se défendre. Tout cela, nous le savions déjà et l'invasion russe est l'occasion de faire le constat que nous ne pouvons nous fier qu'à nos propres forces armées, et qu'un soutien extérieur venant d'autres pays doit avoir été préalablement assuré en temps voulu.»