Le droit international a-t-il encore cours ?
Au vu des actions militaires en Ukraine, à Gaza, et désormais entre Israël et l'Iran, les éditorialistes se posent une question fondamentale : le droit international a-t-il été supplanté par la loi du plus fort ?
On n'appelle plus les guerres par leur nom
Diena observe une tendance à contourner les règles du droit international :
«Même quand les conflits correspondent aux critères généraux d'une guerre, on ne déclare pas officiellement la guerre à l'ennemi ; on qualifie les actes de guerre de 'missions', d''opérations', d''interventions' ou de termes similaires qui servent ensuite aussi de base juridique aux actes de guerre. ... Le droit international prévoit non seulement certaines obligations pour les Etats belligérants, mais aussi, plus important encore, des restrictions pour les Etats tiers en lien avec ces Etats. S'il n'y a pas de déclaration de guerre officielle, on part de l'hypothèse qu'il n'y pas de guerre, et pas de raison de se voir reprocher de soutenir un belligérant ou d'enfreindre le droit international.»
Une justification douteuse
Die Presse fait l'analyse suivante de la guerre entre Israël et l'Iran :
«Le droit international est un des perdants de cette guerre. Sa justification était douteuse et se basait sur des révélations des services de renseignement israéliens, qui n'ont pas été prouvées. Selon ces informations, Téhéran aurait été plus avancé en matière de développement nucléaire que ce qu'on supposait jusque-là. Le hic, c'est que le renseignement occidental, y compris les services secrets américains et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ont des doutes importants sur cette version.»
Des doubles standards évidents
Les Etats puissants se soustraient au droit international, commente Star :
«L'attaque des Etats-Unis contre l'Iran vient confirmer une nouvelle fois que le droit international ne vaut que pour les Etats faibles. Pour les grands Etats et pour les protégés des grands Etats, le droit international semble ne pas exister. ... Lorsque la Russie annexe la Crimée ou occupe le territoire ukrainien, le droit international ne vaut pas. Les Etats-Unis envahissent l'Irak sans raison, des centaines de milliers de personnes meurent, et le droit international ne vaut pas. Pour Israël, qui se place sous l'égide des Etats-Unis, le droit international n'existe pas.»
Le chaos en guise de stratégie
El País évoque une tendance problématique incarnée par quatre dirigeants politiques :
«Donald Trump, Vladimir Poutine, Benyamin Nétanyahou et Ali Khamenei sont très différents. ... Ils partagent néanmoins une spécificité qui est fondamentale pour comprendre la nouvelle ère : la propension à attiser le chaos dans le monde à dessein d'imposer des intérêts, nationaux ou personnels. ... Il y a toujours eu des facteurs de chaos : ce sont en général des hommes, et non des femmes. ... La différence, c'est la forte dose d'instabilité structurelle actuelle. ... Indépendamment des objectifs concrets, cette politique du chaos sape les règles qui distinguent une société civilisée de la jungle. Il n'est pas surprenant que ni les Etats-Unis, ni la Russie, ni Israël, ni l'Iran ne soient membres de la Cour pénale internationale (CPI).»