Guerre à Gaza : le plan en 20 points peut-il faire cesser les combats ?

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a accepté la proposition de paix en 20 points présentée par le président américain Donald Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza. Ce plan remplit les conditions qu'Israël entend établir à la fin du conflit, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe à Washington. Le plan prévoit l'instauration d'un cessez-le-feu, la libération de tous les otages israéliens et la mise en place d'un gouvernement de transition sans participation du Hamas dans la bande de Gaza.

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Visão (PT) /

Difficilement réalisable mais prometteur

Malgré des difficultés prévisibles, l'initiative constitue une première étape encourageante, écrit Visão :

«Elle prévoit deux ou trois points difficiles à mettre en place : la formation à Gaza d'un comité de gouvernance appuyé avec le soutien de la communauté internationale et composé de technocrates palestiniens, tandis que parallèlement, l'armée israélienne se retirera progressivement. ... Pour mettre le Hamas en difficulté, le plan doit être mis en œuvre dans les régions où l'organisation est absente, afin que la population palestinienne en ressente les bénéfices. ... Pour résumer, on peut dire qu'il s'agit d'un plan difficilement réalisable, mais qui pourrait, en temps voulu, porter le germe de la paix et de la prospérité dans la bande de Gaza.»

Le Soir (BE) /

Sa réussite relèverait du miracle

Le plan est bien trop vague pour pouvoir fonctionner, fait valoir Le Soir :

«C’est l’une des failles visibles : le plan prévoit des étapes – comme l’évacuation militaire israélienne étagée – mais sans aucun calendrier ! Les incidents sur le terrain, qu’on peut déjà imaginer nombreux, pourront donc tout remettre en question, servir de prétextes à Israël pour tout bloquer. … Quant au Hamas, il doit répondre à une étrange injonction : le suicide ou subir les foudres mortelles d’Israël. ... Il doit restituer tous les otages dans les trois jours, qu’il considérait comme ses derniers atouts, et espérer qu’Israël tiendra parole, ne cherchera pas à procrastiner peu ou prou, voire à saboter l’accord. ... Cet accord bien trop vague porte en lui les germes de son échec. Sauf à espérer un vrai miracle.»

La Repubblica (IT) /

Les Israéliens souffrent de la guerre

Nétanyahou est dos au mur, analyse La Repubblica :

«Plusieurs facteurs expliquent pourquoi Nétanyahou doit transiger : il y a d'abord l'épuisement d'un pays qui, au bout de deux ans de contestation et de tensions, n'en peut plus de faire la guerre. Cela concerne non seulement les familles des otages, mais aussi celles des centaines de milliers de réservistes mobilisables. Il y a ensuite l'économie, qui malgré sa vigueur, paie le prix de la guerre : recul des investissements étrangers, croissance en berne et turbulences sur le marché du travail. La banque centrale d'Israël estime que les guerres ont coûté 55,6 milliards de dollars [soit 47 milliards d'euros] entre 2023 et 2025.»

The Daily Telegraph (GB) /

Intelligent et bien ficelé

The Daily Telegraph pointe des similitudes avec la fin du conflit nord-irlandais :

«Le plan semble inspiré de l'accord du Vendredi saint, qui avait rétabli la paix en Irlande du Nord, soit la plus grande victoire de la politique britannique de ces trente dernières années. Les deux plans de paix se caractérisent tous deux par leur évolutivité. Au lieu d'énoncer une liste de propositions rigides 'à prendre ou à laisser', ils proposent aux deux camps des récompenses croissantes au fil des ans. Par ce mécanisme, la confiance mutuelle – et, espérons-le, la paix – s'établit à travers des actes de plus en plus concrets et non de simples engagements. Même le choix des mots est identique. L'IRA n'avait pas été sommée de rendre les armes mais de les mettre 'hors d'usage'. C'est ce qu'on retrouve dans le plan pour Gaza. Un autre point commun avec le plan nord-irlandais est l'idée d'une amnistie pour les terroristes.»

Igor Semyvolos (UA) /

Un projet ambitieux

Sur son compte Facebook, le spécialiste du Proche-Orient Igor Semyvolos propose l'analyse suivante :

«Associer aux questions une coalition internationale de pays arabes à la sécurité, l'administration et la reconstruction est un projet ambitieux, mais qui se heurte à des difficultés. Les chefs d'Etat arabes exigent des garanties, notamment en ce qui concerne la Cisjordanie et le statut de Jérusalem, ce qui va à l'encontre des intérêts d'Israël. ... La réussite du plan dépendra de l'influence des États-Unis sur Israël, qui pourrait être limitée compte tenu de l'intransigeance de Nétanyahou. Néanmoins, la marge de manœuvre du gouvernement israélien actuel semble se réduire considérablement.»

La Stampa (IT) /

Pour Nétanyahou, une catastrophe

Ce plan pourrait mettre un terme à la carrière du Premier ministre israélien, estime La Stampa :

«Le seul qui puisse convaincre Benyamin Nétanyahou de signer le plan en 21 points proposé par Trump, c'est Trump lui-même. Or, seule une menace sévère et immédiate pourrait contraindre le Premier ministre israélien à accepter un accord qui signifierait pour lui la fin. ... La fin de la guerre peut-être, mais surtout la fin de sa carrière politique. ... Pour Bibi Nétanyahou, ces 21 points sur la table représentent une catastrophe potentielle. Le Premier ministre israélien sait que ses ministres le laisseraient immédiatement tomber s'il accordait la moindre place à ces négociations, lesquelles prévoient entre autres choses que les Palestiniens restent à Gaza.»

Der Standard (AT) /

Des modalités encore dans le flou

Pour Der Standard, les questions fondamentales restent pour l'instant sans réponse :

«Les 21 points avec lesquels Trump veut changer le cours des choses au Proche-Orient ne sont pas encore connus en détail – notamment comment il entend réussir là où il a échoué jusqu'à présent, malgré des mois de négociations entre le Hamas et Israël, menées sous l'égide des Etats-Unis et avec la participation de l'Égypte et de la Jordanie : la libération des otages israéliens qui sont toujours aux mains du Hamas et la mise en place d'un cessez-le-feu. ... Israël mène actuellement une nouvelle offensive terrestre dans la ville de Gaza, un cauchemar pour la population, qui n'a plus aucun endroit sûr où se réfugier et dont l'existence est menacée par la faim et les maladies.»