Sanctions américaines : Orbán obtient un passe-droit

La Hongrie sera exemptée jusqu'à nouvel ordre des sanctions américaines qui touchent le secteur énergétique russe. C'est ce qu'a annoncé vendredi un représentant de la Maison-Blanche, après la rencontre entre le président américain, Donald Trump, et le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, à Washington. Les chroniqueurs discutent des raisons de cette exemption et de ses répercussions possibles sur les législatives qui se tiendront en avril 2026 en Hongrie.

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Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Un coup de pouce électoral

Frankfurter Allgemeine Zeitung croit connaître la raison de cette faveur :

«Par sa bienveillance, Donald Trump apporte une aide de campagne à son meilleur allié en Europe. Car cette exception ne saurait se justifier dans le cas de la Hongrie. Orbán n'a pas cru bon de réduire à temps la dépendance du son pays au pétrole et au gaz russes. Pourtant, l'UE lui en avait donné le temps dans le cadre de son propre régime de sanctions. Le fait qu'Orbán ait trouvé une oreille attentive en la personne de Trump illustre à nouveau la manière dont fonctionne la politique américaine sous ce président. Ce qui importe le plus, ce ne sont pas les faits, mais qui est en odeur de sainteté auprès du maître de la Maison-Blanche.»

Rzeczpospolita (PL) /

L'argument réchauffé de la dépendance

Rzeczpospolita ne voit pas de raison valable à une exception hongroise dans les sanctions :

«Viktor Orbán a justifié cette demande de dérogation par la dépendance critique de son pays vis-à-vis des sources d'énergie russes. Un argumentaire qu'il déploie depuis le début de l'agression russe contre l'Ukraine. Alors que le reste de l'UE a réussi à trouver de nouveaux fournisseurs et de nouvelles voies d'approvisionnement, le gouvernement hongrois est resté suspendu aux crochets de la Russie, renflouant ainsi les caisses de guerre du Kremlin.»

Népszava (HU) /

De fâcheuses conséquences

Le président américain se tire une balle dans le pied, explique Népszava :

«On ne sait pas encore si cette concession américaine sera valable pour un an, comme l'a confirmé une source de la Maison Blanche à la BBC, ou indéfiniment, comme l'ont affirmé Viktor Orbán et [le ministre hongrois des Affaires étrangères] Péter Szijjártó. ... Quoi qu'il en soit, Trump tente d'aider Orbán à se faire réélire. Mais ce faisant, il se décrédibilise et affaiblit la pression exercée sur la Russie et sur les plus gros acheteurs d'énergies russes : Chine, Inde et Turquie.»

Törökgáborelemez (HU) /

Une réussite non décisive

Cette rencontre ne change pas grand chose au rapport de force politique dans le pays, analyse le politologue Gábor Török sur Facebook :

«Difficile d'évaluer quelles seront les répercussions du déplacement stratégique de Viktor Orbán à Washington sur la politique intérieure hongroise. A cinq mois des élections, alors que la campagne bat son plein dans une ambiance particulièrement polarisée et que la majorité des électeurs iraient volontiers aux urnes dès maintenant, on aurait tort d'espérer ou au contraire d'avoir peur qu'un évènement quel qu'il soit puisse changer radicalement la donne. Mais il y a quand même fort à parier que le Fidesz se targuera d'avoir enregistré une victoire politique majeure.»

Fakti.bg (BG) /

Borissov devrait en prendre de graine

Fakti.bg ne cache pas son admiration pour le Premier ministre hongrois :

«Il est évident qu'en matière de politique énergétique internationale, tous les protagonistes ne bénéficient pas du même accès aux dérogations. Face aux grandes puissances, deux postures s'opposent dans les négociations : celle du dirigeant autonome et celle du vassal subordonné. Viktor Orbán a choisi la première variante, Boïko Borissov la seconde. Orbán pense et agit comme un homme d'Etat ; Boïko Borissov a le même degré de réflexion qu'un serviteur et agit comme un vulgaire administrateur de colonie. Qu'est-ce qui différencie la Bulgarie de la Hongrie ? Nous élisons des individus comme Borissov, et non des personnalités comme Orbán.»