Suisse : la libre circulation des ressortissants de l'UE remise en cause

Fin septembre, les Suissesses et les Suisses seront appelés à se prononcer sur l'initiative de limitation du parti populiste de droite UDC. Son objectif : dénoncer l'accord de libre circulation des personnes avec l'UE pour que la Suisse reprenne le contrôle de l'immigration. Une réussite de cette initiative entraînerait la suspension de six autres accords européens, dont celui sur l'accès au marché unique européen. Un scrutin dangereux ?

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Die Presse (AT) /

Empêcher à tout prix un Suissexit

Une victoire de l'initiative de limitation aurait des conséquences catastrophiques, fait valoir Die Presse :

«L'initiative portée par les populistes de droite de l'UDC est avant tout dirigée contre les ressortissants de l'UE, qui constituent deux tiers des étrangers établis dans le pays. ... Cette consultation a lieu dans le contexte d'une participation sans restriction au marché unique européen, qui représente plus de la moitié des exportations suisses. La libre circulation des personnes fait partie des quatre libertés fondamentales et non-négociables de ce marché unique. Une forte restriction provoquerait donc nécessairement un genre de 'Suissexit'. ... La politique devrait s'interroger sur le vice de fabrique qui lui a échappé. Car un retour aux Etats nations serait une catastrophe.»

SonntagsZeitung (CH) /

L'immigration : parlons-en !

Le SonntagsZeitung voit dans la consultation l'occasion de discuter ouvertement d'un sujet tabou :

«Pour beaucoup de gens, les initiatives de l'UDC ont quelque chose de sulfureux. A plus forte raison quand elles ne sont soutenues par aucun autre parti, comme c'est actuellement le cas de l'initiative de limitation. Le seul nom de l'expéditeur sur l'enveloppe inhibe d'office tout débat. Qui voudrait en effet être soupçonné d'être un partisan du repli sur soi, un rétrograde ou d'être hostile aux étrangers ? ... Se pencher sur le thème de l'immigration est souvent désagréable, c'est pénible. Il faut être sur ses gardes : un mot de travers, et on passe pour un plouc. On comprend donc que beaucoup de gens ne veuillent plus se prononcer sur le sujet, ce qui est pourtant fatal, car une frustration s'accumule qui risque d'avoir des effets pervers. L'initiative de limitation est une invitation à mener le débat, malgré tous les obstacles.»