Gaza et Cisjordanie : Israël va-t-il trop loin ?

Une commission d'urbanisme israélienne a approuvé un projet d'extension des colonies juives dans une zone particulièrement sensible de Cisjordanie. Le territoire palestinien s'en trouverait coupé en deux. Dans le même temps, Tsahal avance sur la ville de Gaza. Selon des critères internationalement reconnus, la zone est en proie à une véritable famine, a fait savoir l'IPC Famine Review Commitee. Les médias évaluent l'action d'Israël et l'attitude de l'étranger.

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Naftemporiki (GR) /

Le Hamas aurait pu mettre fin plus vite à la guerre

Naftemporiki critique aussi bien l'action de Nétanyahou que celle du Hamas :

«En dépit de la mobilisation persistante et massive de la population israélienne contre la poursuite de la guerre, en dépit de l'indignation internationale et du risque d'isolement, Nétanyahou poursuit sa politique agressive, imperturbable. Il occulte même les appels des proches des otages, qui craignent que les jours de leurs êtres chers soient comptés, et font pression pour que soit négocié un accord. Bien entendu, cela fait longtemps que les otages détenus par le Hamas auraient dû être libérés sans condition. En près de deux années de guerre consécutives au massacre du 7 octobre, le Hamas, s'il avait voulu, aurait pu libérer les otages israéliens et priver Nétanyahou de tout argument pour la poursuite de la guerre.»

Berlingske (DK) /

Une critique verbale suffit

"Nétanyahou est lui-même devenu un problème", a déclaré la cheffe du gouvernement danois, Mette Frederiksen, à propos de son homologue israélien. Berlingske abonde en son sens :

«Critiquer Nétanyahou ne veut pas dire critiquer l'Etat d'Israël en soi ou les Israéliens en tant que peuple. ... On soulignera aussi que contrairement à ce que font ou ont fait beaucoup de pays européens, la Première ministre danoise n'a pas assorti sa critique d'une reconnaissance de la Palestine dans la foulée. Cela aussi, c'est fort louable. Une telle reconnaissance a une valeur purement symbolique, et dans la situation actuelle, le geste profiterait uniquement au Hamas. Le Danemark aurait tort d'emboîter le pas à ce genre de manifestations de bien-pensance, naïves et stériles.»

Aftonbladet (SE) /

Une faute et une infamie pour la Suède

Aftonbladet s'insurge du soutien que l'exécutif suédois témoigne à Nétanyahou :

«Par le passé, la Suède était souvent considérée comme une superpuissance morale. ... Nous prenions fait et cause pour l'ONU et le droit international, quitte à s'opposer aux grandes puissances. Jusqu'à maintenant. Maintenant, la Suède est au contraire disposée à protéger le droit du plus fort. Au cours de la guerre qui dure depuis près de deux ans maintenant à Gaza, notre gouvernement a presque toujours pris le parti du Premier ministre Benyamin Nétanyahou dans le conflit. En Europe, nous sommes considérés comme un extrême ; pour le 'Sud global', nous poursuivons la politique menée par le président Donald Trump. Les futurs gouvernements du pays auront besoin de décennies pour expier cette faute et cette infamie.»

Irish Examiner (IE) /

Intentionnel

La famine qui frappe censément la bande de Gaza amène Irish Examiner à porter un jugement sévère sur la stratégie d'Israël :

«Pour la première fois, une famine a été officiellement confirmée au Moyen-Orient. ... Ce à quoi le monde assiste en temps réel n'est pas une guerre. C'est une famine sciemment provoquée, un déplacement de population prémédité et des attaques sans pitié de populations piégées et terrorisées. La stratégie israélienne inhumaine instrumentalise la faim et la peur et sanctionne des innocents, sans faire de quartiers pour les mères, les enfants et les personnes âgées. Il s'agit d'un naufrage moral aux dimensions abyssales. Cette famine a été créée par l'homme. Elle est l'aboutissement de choix politiques.»

El Mundo (ES) /

Détérioration de la sécurité

Pour El Mundo, les projets de colonie ne sont pas viables :

«Les propos du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, montrent à quel point le gouvernement israélien se moque ouvertement du droit international. Il s'est targué hier de vouloir bâtir 3400 nouveaux logements juifs afin d'arrêter la 'supercherie' de la solution à deux Etats. Un plan de paix soutenu par les Nations unies, qui prévoit un Etat palestinien morcelé en trois parties : la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza. ... Israël a le droit d'assurer sa sécurité, mais cette dernière sera fragilisée s'il ôte aux Palestiniens toute perspective de souveraineté et s'il sacrifie les valeurs démocratiques du pays pour imposer sa volonté.»

taz, die tageszeitung (DE) /

La colonisation n'est pas une fatalité

Taz fait l'analyse suivante :

«Israël s'était retiré à deux reprises de territoires occupés pour faire avancer le processus de paix. La première fois, c'était en 1982 dans le Sinaï, où la petite ville de Jamit, entre autres, avait été évacuée manu militari avant d'être rasée. Puis en 2005 à Gaza, sous Ariel Scharon, où environ 10 000 occupants avaient été contraints de quitter leur logement contre leur gré et malgré une vive résistance. ... Ce qui empêche la solution à deux Etats, ce ne sont pas les colonies, mais le manque de volonté politique. Elle fait totalement défaut et pas uniquement du côté israélien.»

Le Monde (FR) /

Un argumentaire fallacieux

Le Premier ministre se perd dans ses réactions à l'emporte pièce, commente Le Monde :

«Benyamin Nétanyahou est furieux de l'annonce française de la reconnaissance de la Palestine, une orientation ancienne dont la concrétisation tardive prend un relief particulier au moment où Israël ... s'enferre dans un nettoyage ethnique sanglant dans la bande de Gaza et affiche sa volonté d'amplifier sa politique de colonisation dans les territoires occupés de Cisjordanie. Que d'autres pays, comme le Canada, le Royaume-Uni ou l'Australie aient emboîté le pas à la France ne fait que renforcer l'ire du dirigeant israélien ... En recourant à l'argument ultime de l'antisémitisme contre ceux qui contestent sa politique, M. Nétanyahou ajoute à sa dérive désastreuse pour Israël une rhétorique indigne.»

La Repubblica (IT) /

Des négociations le couteau sous la gorge

La Repubblica met en lumière la tactique du Premier ministre israélien :

«Parce qu'il dispose du soutien inconditionnel des Etats-Unis, Benjamin Nétanyahou semble convaincu qu'il peut obtenir la libération des otages, la capitulation du Hamas et l'occupation de toute la bande de Gaza en utilisant la guerre comme moyen de négociation. C'est du moins ce que laissent supposer les déclarations contradictoires faites depuis début août par les autorités israéliennes, le gouvernement et l'armée, lorsque l'annonce a été faite de la grande offensive sur Gaza. ... Hier, le Premier ministre a déclaré avoir donné pour instruction à ses collaborateurs d'entamer sans délai des négociations sur 'la libération de tous les otages et la fin de la guerre à des conditions acceptables pour Israël'.»

Der Standard (AT) /

Au détriment des civils dans les deux camps

Le gouvernement israélien mène une politique purement clientéliste, estime Der Standard :

«L'offensive [à Gaza] demandera également un lourd tribut aux réservistes israéliens. Jusqu'à 130 000 d'entre eux pourraient perdre la vie dans une guerre que les voix critiques considèrent depuis bien longtemps comme politiquement motivée. Toute victoire du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et de ses partenaires de coalition d'extrême droite serait indigne. Leur politique clientéliste se fait au détriment des Palestiniens et même de la population israélienne et signera la défaite de tous les autres partis.»