Durcissement du droit d'asile en Grande-Bretagne

Le gouvernement britannique a annoncé vouloir aligner sa politique d'asile sur le modèle danois. La ministre de l'Intérieur, Shabana Mahmood, entend réduire de cinq ans à 30 mois la durée du permis de séjour et forcer les migrants à rentrer dans leur pays d'origine à partir du moment où ce dernier est considéré comme sûr. Les aides sociales devraient également être réduites. Quelles sont les motivations du Parti travailliste ?

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taz, die tageszeitung (DE) /

Farage dicte l'agenda politique

Taz s'inquiète de cette virée à droite :

«Même si le Labour réussit à affaiblir Reform-UK par ce biais, les populistes auront imposé leur point de vue en Grande-Bretagne sans avoir accéder au pouvoir. Une tactique que Farage avait déjà mise en œuvre avec brio avec UKIP, son parti pro-Brexit, qui s'était effectivement soldée par la sortie du pays de l'UE. Même si Farage devait un jour disparaître de la circulation, sa politique perdurerait : elle a fait son entrée au sein du Parti travailliste.»

De Standaard (BE) /

Ne pas confondre Grande-Bretagne et Danemark

De Standaard se demande si le modèle suédois pourrait être appliqué à d'autres pays :

«Il faut attendre de voir si cette décision aura un effet dissuasif. En raison de sa multiculturalité, de la langue anglaise et de son lien historique avec le Commonwealth, la Grande-Bretagne a toujours exercé une force d'attraction sur les émigrés. C'est ce qui la différencie du Danemark. L'Europe va très certainement suivre de près l'expérience britannique. Si la proposition de [la ministre de l'Intérieur, Shabana] Mahmood est couronnée de succès, le 'modèle danois' pourrait influencer plus largement la politique européenne.»

Le Quotidien (LU) /

On cherche à éviter les extrêmes

L'Europe connaît un tournant politique, observe Le Quotidien :

«Le Royaume-Uni n'est pas le seul dans cette situation. En Allemagne aussi, le chancelier Merz a décidé de franchir quelques paliers supplémentaires en durcissant l'accueil des immigrés. En France, les grandes manœuvres sont en cours. Ils ne sont pas seuls, le Luxembourg durcit lui aussi sa politique d'accueil. … Autour de nous, et un peu plus loin, les partis au pouvoir dits 'classiques' veulent agir avant de se faire déborder par ceux situés aux extrêmes. La patience de la population paraît à bout. … Tout le continent vire à droite. La question est de savoir à quel point.»

The Independent (GB) /

La xénophobie attisée

The Independent évoque les conséquences potentielles :

«Ce qui attire les candidats à l'exil en Grande-Bretagne, ce sont principalement la langue anglaise, les relations familiales, et une propension au racisme relativement faible par rapport à la plupart des autres pays européens. Nous devrions êtres fiers de ce dernier point, et déterminés à nous améliorer encore, plutôt que de risquer d'aller dans la direction opposée. Les mesures de Mahmood seraient louables si elles contribuaient à stopper les traversées dangereuses de petites embarcations dans la Manche. Mais il n'est pas dit que ces mesures auront un effet dissuasif notoire. On court surtout le risque qu'elles renforcent globalement l'hostilité vis-à-vis de l'immigration.»

Berlingske (DK) /

Il faut mettre la question sur le tapis

L'immigration place la société devant des difficultés majeures, rappelle Berlingske :

«Nous avons besoin de responsables politiques conscients que l'immigration, en particulier en provenance des pays musulmans, engendre des dépenses élevées en matière de prestations sociales, et peut être liée à de nombreux problèmes tels que la criminalité, les sociétés parallèles et les différences de valeurs. Nos responsables doivent reconnaître qu'il existe un antagonisme entre la volonté de défendre les droits individuels, tels que l'asile et le regroupement familial, et celle de préserver la cohésion sociale. C'est précisément ce dilemme qui constitue le plus grand conflit de valeurs de notre époque. Ni les problèmes ni les dilemmes ne disparaîtront si l'on tente d'étouffer le débat à ce sujet.»