Pologne : qui a commis l'attentat contre la voie ferrée ?

En Pologne, des inconnus ont perpétré un attentat à l'explosif contre un tronçon ferroviaire menant vers l'Ukraine. Des rails ont été détruits dans la localité de Mika. L'explosion ciblait fort probablement un train reliant Varsovie à Dęblin, a indiqué le chef du gouvernement, Donald Tusk, sur place. L'enquête à été confiée aux services de renseignement du pays.

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Rzeczpospolita (PL) /

Il ne s'agit plus seulement d'un conflit hybride

Rzeczpospolita subodore un agissement de Moscou :

«On ne peut plus douter que la Russie commet des actes hostiles contre la Pologne sur notre territoire et qu'une guerre hybride est en cours. L'agression russe a franchi nos frontières. Il ne s'agit pas là d'une guerre classique ; nous ne sommes pas attaqués par des chars d'assaut, des bombardiers ou des troupes d'infanterie. … Mais il s'agit cette fois-ci d'une attaque qui aurait pu faire de nombreuses victimes. La guerre devient de moins en moins 'hybride'.»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Une extension de la zone de combat

Si la Russie est vraiment derrière cet acte de sabotage, la guerre hybride du Kremlin contre l'Occident aura franchi un nouveau seuil :

«Les autorités polonaises attribuent déjà à la Russie un grand incendie survenu dans un centre commercial de Varsovie l'année dernière. Un incendie qui n'avait aucune 'fonction pratique' identifiable pour la guerre russe menée en Ukraine. On ne peut en dire de même pour l'endommagement des rails entre Varsovie et la frontière polono-ukrainienne. … Il s'agirait d'un acte de guerre. Cela différencierait également une telle action des tentatives de meurtre que le Kremlin - au risque de mettre en danger des civils tiers - avait commises par le passé au Royaume-Uni et en Allemagne.»

Nikolaï Mitrochine (RU) /

L'Europe de l'Est aspirée dans la guerre

Sur Facebook, le politologue Nikolaï Mitrochine établit une corrélation avec le sabotage d'une voie ferrée en Sibérie, que revendiquent les services secrets ukrainiens :

«Le dynamitage des rails en Pologne est une 'réponse' claire du [renseignement militaire russe] GRU à l'action réussie du [renseignement militaire ukrainien] HUR contre la voie du Transsibérien, qui avait mené au déraillement d'un train dans la région de Khabarovsk, le 13 novembre. Et avant cela, il y avait eu deux attaques en août. La logique est la suivante : vous perturbez notre convoyage de munitions depuis la Corée du Nord, nous perturbons votre convoyage depuis la Pologne. Mais avec cette action, un scénario plus inquiétant encore semble se concrétiser : l'aspiration des pays d'Europe de l'Est dans la guerre, sous le coup des méthodes brutales de la guerre hybride employées par la Russie.»

Newsweek Polska (PL) /

Une bonne capacité de réaction

Varsovie est mieux préparée aujourd'hui, assure Newsweek Polska :

«Ces dernières années, la Pologne réagit de mieux en mieux à de telles menaces. L'arrestation des auteurs présumés, l'identification de réseaux liés à la Géorgie, au Bélarus et à la Russie, la neutralisation de la cybercriminalité et l'intensification de la coopération avec les partenaires de l'OTAN montrent que l'Etat considère désormais le sabotage comme un risque permanent, et non plus comme un problème ponctuel. Les mécanismes de protection des infrastructures critiques ont été renforcés, les systèmes de cyberdéfense modernisés, et grâce au rôle d'Europol et des agences de renseignement alliées, la Pologne n'agit plus de manière isolée.»